Sidobre terre de légende

Burlats et l'Ouest du Sidobre

Amateurs de villages simples "posés" sur une plaine, un plateau comme l'on poserait une table sur 2 trétaux, passez donc votre chemin, Burlats, c'est tout l'inverse !

Blotti dans les derniers méandres montagnards de l'Agôut, ce village est la capitale historique du Sidobre et, de par sa position, la porte d'entrée-ouest de celui-ci.

 

D'où vient ce nom ?

Selon Etienne GRILLOU -qui avait édité une étude sur le Sidobre en 1958- le nom Burlats serait issu de la déformation du mot "brulats", brûlés, la terre ayant été défrichée par le feu. Ceci étant, il existait au VIème siècle la fontaine de Burlats, dans la haute vallée du Tarn. La princesse Franke Enimie y fut guérie de la lèpre et y fonda un oratoire. De fait, les pélèrins y venaient nombreux au moment où les bénédictins s'établirent sur les rives de l'Agoût. Bâti comme le couvent de Ste-Enimie dans une vallée encaissée, le prieuré de Burlats n'a t-il pas été nommé ainsi par analogie ?

 

Au moyen-âge, Burlats fut une place importante dans le département. Avant la guerre des albigeois, il fut un des châteaux des Trencavel, vicomtes d'Albi et ces suzerains des comtes de Toulouse y firent de nombreux séjours. 

C'est ici qu'est née Adélaïde, fille de Constance de France.

Rien à voir cependant, avec cette chanson :
 http://www.youtube.com/watch?v=-Lp0PObGtAs

 

Constance, fille du roi Louis VI, (surnommé Louis VI le gros par Jacquouille), bafouée par l'insconstance de son 2ème mari, Raymond V Comte de Toulouse, dut fuir plusieurs fois la cour de la ville rose pour trouver refuge à Burlats.

D'ailleurs, Adélaïde de Toulouse était connue sous le nom de comtesse de Burlats parce qu'elle est née dans ce village.

Lorsque Raymond V eut répudié Constance, il appela Adélaïde auprès de lui et la donna en mariage à Roger Trencavel son vassal.

Ainsi, Adélaïde revint ainsi à Burlats et la petite ville, dans sa douceur de vivre et de la culture occitane connut bien des cours d'amour. Le troubadour Arnaud de Mareuil chanta souvent la belle et noble Adélaïde, la rendant ainsi célèbre.

Restauré depuis, le pavillon d'Adélaïde est un exemple rare d'architecture romane civile en France (avec l'ancien hôtel de ville de St Antonin Noble Val). Doté de murs épais d'1.20 m, et de 4 magnifiques fenêtres romanes, ce pavillon était vraisemblablement la résidence du prieur. Il mérite amplement votre visite, d'autant qu'il est le théâtre régulier d'expositions temporaires.

 En 972, un monastère existait déjà et était rattaché à l'abbaye St Benoît de Castres. Puis, le pape Jean XXII érigea celui-ci en collégiale en la dotant d'une partie des biens provenant du riche évêché d'Albi. Elle fut prospère jusqu'au guerres de religion.

En effet, Burlats fut attaqué en 1573 par les protestants de La Grange et les chanoines se dispersèrent à Castres et à Labruguière. Après la mort d'Henri IV, les luttes reprirent et la collégiale fut brulée par les armées du Duc de Rohan.

Les fortifications, dont deux subsistent aujourd'hui (dont celle de la Vistoure) furent démolies en 1631 sur ordre de Richelieu.

Les ruines de l'église ont été classées monument historique et restent un très bel exemple de l'art Roman. La richesse de la décoration de certains chapiteaux semble indiquer que l'église fut terminée au XIIème siècle. Elle connut certains remaniements au XIIIème siècle et à l'époque gothique. De nos jours, la mairie et l'école occupent le collatéral nord.

Autour de Burlats

 

A la confluence de l'Agoût et du Lignon se dressent les ruines de Saint-Michel de Peyrolles. Que sait-on d'elles ? Selon les sources, l'on parle d'une église, une léproserie ou tout la simplement la présence d'un château entouré de quelques maisons. Aussi modestes soit-elles, ces ruines renferment la légende suivante :

 

" Un soir, du clocher esseulé de l'église St Michel, l'unique cloche se détacha. La lourde campane roula dans le gouffre. L'abbé de Burlats envoya quelques serfs et des boeufs puissants, la cloche fut amarée et l'attelage allait atteindre le sommet lorsque quelqu'un dit : "avec l'aide de Dieu, elle ne nous échappera pas" "Que Dieu le veuille ou non, railla un autre, nous la tenons". Brusquement, les cordes se rompirent et la cloche roula à nouveau sur la pente et disparut dans les eaux bouillonnantes. Toutes les recherches furent vaines.

Pendant des années, le soir de Noël, on l'entendit sonner. Et puis, on l'oublia comme l'on oublie les morts."

 

Lorsqu'on arrive à Burlats depuis Castres, ce n'est pas cet éperon rocheux que l'on voit en premier mais le roc du Paradis tout revêtu de schiste.Le versant de ce dernier est constitué par un à pic de 150 m. Amateurs de vertige, bonsoir !

La pente pour arriver au sommet est raide mais c'est le prix à payer pour bénéficier d'une vue imprenable.

Littéralement aggripée à son flanc, la ferme du Roc domine le vallon d'Aiguebelle. L'on se trouve ici dans un coin du Sidobre vierge de toute exploitation granitière, la nature est là simple et paisible. Dès lors, difficile de croire que l'on se trouve à moins de 10 km de Castres.

 

Près de la ferme, l'Aiguebelle coule sous le chaos du Roc. Parmi les blocs amoncelés, l'on trouve quelques balmes. D'ailleurs, l'une d'elles servit de refuge au père Astruc, vicaire d'Anglès pendant la terreur. Il y célébrait la messe et administrait les sacrements.

 

Avant cette période révolutionnaire, il y eut, à deux pas du Roc, justement l'église romane de St Martial del Puech. Elle se trouvait sur les hauteurs de Burlats, près de la route qui relie Lafontasse à la cité d'Adélaïde. (la fameuse côte à 22 % tant redoutée des cyclistes)

Tombée en ruines pendant les guerres civiles, relevée en 1605 puis agrandie en 1618 et restaurée en 1633 par Hilaire Etienne, bourgeois de la Rouquette, l'édifice rassemblait alors les ouailles de Lafontasse. Elle fut abandonnée en 1786. Et pour cause, la première pierre de l'église de Lafontasse fut posée le 28 octobre 1785 et qui fût bénie le 24 décembre de l'année suivante.

-Une autre église abandonnée n'a pas connu le même sort :

http://larroque.canalblog.com/

 

Par la suite, une famille protestante, les Durand, reprirent les ruines pour en établir leur cimetière privé comme il en existe pas mal sur le secteur.

Abandonné depuis, ce lieu est étrange et émouvant, colonnes et autres dalles entrelacés par la végétation témoignent de l'histoire de ce lieu.

Au dessus de la porte d'entrée, sur le fronton de granit, quatre vers ont été gravés :

 

"Es aissi que bendrei quand sounara moun houro

Trouba mous debanciès qué mé tendou la ma

Soui sigur de béni, mais nou sabi pas couro

Béléou sera pla tard, béléou sera déma"

 

ce qui veut dire :

 

"C'est ici que je viendrai quand sonnera mon heure,

Retrouver mes devanciers qui me tendent la main

Je suis sûr de venir mais je ne sais pas quand

Peut-être très tard ou peut être demain."

 

Georges TERRAIL nous précise aussi :" Selon la légende, c'est dans cette forêt que, une lointaine nuit du moyen âge, Messire Jean, seigneur de Burlats, s'étant égaré avec son écuyer, aurait découvert le  cadavre du seigneur Cathare Raimon Trencavel, dernier vicomte d'Albi, dont il avait eu la générosité de ne pas livrer les restes aux inquisiteurs."

 

 

Après avoir franchi la confluence Lignon-Agôut dominée par les ruines de St Michel de Peyrolles, la route menant à Lacrouzette tranche dans le schiste. Mais ne nous fions pas aux apparences car elle mène bel et bien vers d'autres curiosités granitiques. 

A la hauteur du 2ème épingle, un petit chemin qui dessert les hameaux de la Ferrière basse et haute nous emmène aussi vers notre petit cirque de Gavarnie local.

En effet, le Lignon nous gratifie d'un numéro d'acrobatie : une double chute de 25 m de haut, le saut de la Truite. Certes, aucune d'entre elles n'a fait de démonstration mais le galbe du roc sculpté par les eaux évoque grossièrement la forme du poisson. 

Et si l'on prend la peine de grimper jusqu'en haut du saut, l'on bénéficie d'une splendide vue sur la vallée du Lignon. 

 

La forêt de Campsoleil

 

Ici, nous sommes en présence d'une grande partie du Sidobre vierge de toute exploitation granitique. L'aspect naturel en est donc conservé et l'on évolue dans une forêt qui cache de splendides sous-bois.

Et cet écrin cache un bel ensemble de curiosités granitiques que nous allons décrire ici.

 

Non loin de Bringot, le Rocher Tremblant Nauzières nous voit arriver de loin. Juché sur un piedestal d'une dizaine de mètre, il domine plusieurs groupes de rochers. Son balancement dure nettement plus que bien d'autres RT du Sidobre. Ce rocher a été baptisé ainsi par les amis du Sidobre à la mémoire de celui qui a ouvert le Sidobre au tourisme au début du XXème siècle. (livre "le Sidobre" édité en 1905 et re-édité en 1931).

 

Davantage situé dans les profondeurs des bois, le Rocher Tremblant de Campsoleil reste l'un des plus beaux du Sidobre. Comptant plus de 25 m de tour sur 3 m de haut, il repose sur une énorme assise rocheuse.

A l'instar du RT de Sept-Faux, un petit rocher fait office de point d'appui à un levier. Ce qui permet ainsi de le faire trembler facilement. D'ailleurs, lorsque ce roc balance, l'on a l'impression qu'il va nous basculer dessus !

 

Dans ce même secteur, une agglomération, se présentant comme un jardin suspendu, saisi le regard par son originalité et par la taille de ses blocs, ce sont les rochers Bergé, du nom de l'un des compagnons de Raymond NAUZIERES.

Tout près de là et dans le même esprit, trois rochers semblables orientés dans le même sens sont supportés par une vaste plate forme. L'un d'eux est tremblant...Ce sont les rochers Dumège, du nom du chevalier Alexandre Dumège qui les signala dans la description qu'il fit du Sidobre en 1849 dans "l'Archéologie Pyrénéenne".

 

A l'ouest de ces derniers, la prestance élancée du rocher tremblant "Cannaut" aimante vers lui tous les regards. Juché au sommet d'une importante agglomération, il oscille très facilement : "Trémoulo quan auto!" (Il tremble lorsque le vent souffle) disaient les paysans. D'où son nom. 

L'ensemble de rocs est équivalent à l'agglomération de la Fuzarié. Mais contrairement à cette derniere, il y a la présence d'une salle, "la grotte de la Folle". Mais en langue d'Oc, le mot fade signifie aussi bien "folle" que "fée". En effet, cette grotte fut le refuge d'Autanette, fille des vents :

"Doulce Autanette, quoique fille des vents, avait forme humaine et formes bien agréables, ma foi. Elle vivait seule dans une balme qui domine le cirque admirable du Lignon. Sur la dalle qui coiffe la balme, un joli rocher tremble encore quand le père Autan est en colère, d'où son nom de "Can Aut"...

Un Colosse qui régnait sur des géants affreux vit Doulce Autanette, s'en éprit et voulut la séduire. Elle le repoussa. Il résolut alors de l'enlever. Mais Autant veillait. Et tandis que de tous les côtés, en colonnes pressées ou isolées, les géants s'avançaient vers la balme de la Fée, le fils d'Eole transforma en pierre les ravisseurs puis, prenant sous son aile Doulce Autanette, il lui fit traverser l'Agoût et la pétrifia à son tour.

Les colosses de granit, nous les rencontrons un peu partout en Sidobre. Quand à doucle Autanette, vous pourrez aller la saluer à la Cazalié, près du moulin du Roy. Le lierre cache pudiquement son corps délicat. Et comme elle fut pure et bonne, ceux qui passent dans son ombre seront toujours heureux."

Pour terminer notre parcours dans les bois de Campsoleil, citons parmi les curiosités les plus remarquables du lieu, las Oulos, les rochers Ric, les Marmites et la selle arabe. Précisons que la liste des curiosités est loin d'être exhaustive car l'on trouve d'autres agglomérations remarquable et toujours ces sous-bois à perte de vue....

 

 Le site du Verdier

 

A l'est des bois de Campsoleil et de Verdeaux, les bois du Verdier ont dans leur écrin un sacré concurrent de la Peyro Clabado, le roc du Verdier. Comme ce dernier,  son arête repose sur un bloc de très petit volume.

Ses formes pourraient être comparées à un prisme de faible hauteur dont les bases auraient 4 ou 5 mètres de côté.

Près de lui se trouve la ferme et l'agglomération du Verdier. Autrefois théâtre de camps scouts, c'est désormais une propriété privée.

L'accès à ce rocher peut se faire depuis le hameau de Belherbette à travers un sentier ombragé.

A côté des ruines de la ferme de Verdeaux, un bloc taillé de 16 m3 et un autre de moindre volume sont abandonnés depuis 1849. Pour quel usage ? Ils étaient destinés à former le socle de la statue de LAPEROUSE située à Albi. Mais au dernier moment, l'on craignit de mettre à mal la solidité des ouvrages des routes pour les acheminer.

Plus au sud vers le ruisseau d'Aiguebelle, le roc de Cantogal ("chante coq") se dresse fièrement. En effet, sous un certain angle, sa forme évoque une volaille levant la tête vers le ciel.

Disposé comme une cabine radar au bord de la D30, le faciès grimaçant du Sphinx de Carauce vous fera lever le pied mais restera indulgent en n'envoyant pas votre immatriculation au centre de Rennes.

 

Les rocs détruits du secteur

 

Soyons clair, ce titre sera hélas redondant tout au long du blog.

Peut être que ce chanteur s'est inspiré de cet état de faits pour écrire cette chanson ? :  http://www.youtube.com/watch?v=rOrNslRnd44

En remontant sur le chemin partant de la D 30 b au Verdier, à mi chemin sur la gauche se situait le rocher Tremblant Bel, de volume respectable, du nom de l'un des amis du Sidobre d'avant 1940, qui était le secrétaire général du syndicat d'initiative de Castres.

Près du roc de Cantogall, se trouvait l'importante agglomération du Mur. Il s'agissait de 2 agglomérations côte à côte, sorte de mur cyclopéen au milieu duquel est un vide simulant une brêche.

Située près de Calmejeanne, l'abbé BOUISSET puis Raymond NAUZIERES ont émis l'hypothèse qu'un collège ou un gymnase druidique aurait existé à l'époque celtique. D'après ce dernier, le mot Calmejeanne viendrait de kall (homme) et "méza" (manipuler, conduire) et la même similitude de nom se retrouve près de Lacaune. Ce rocher aurait servi à préparer les jeunes hommes à l'attaque des places fortes.

Mais des documents du Xème et XIème siècle attestent que de nombreux toponymes étaient formés sur "calm" (plateau), "méjean" étant l'équivalent roman de moyen. Or, Calmejeanne, c'est le plateau moyen, très justement situé entre la plaine et les hauteurs de Sept-Faux. 



09/02/2012
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